vendredi, décembre 05, 2008

Le capitalisme total


Je me suis toujours demandé de quelle naïveté étaient faits les gens qui croyaient que le capitalisme avait un objectif humaniste, créant un système de dépendance à l'économie sans précédent dans l'histoire des sociétés humaines, refusant les critiques et les diverses alertes lancées depuis le début de la pensée économique par les plus brillants esprits de la planète. La réponse tient en partie dans sa terrible propension à s'autojustifier sans cesse, même sur ses propres ruines comme il le fait en 2008 au meilleur de la crise qu'il a engendrée.
Je propose aux sceptiques la lecture de l'extrait ci-dessous :
"Le capitalisme moderne est organisé comme une gigantesque société anonyme. A la base, trois cents millions d'actionnaires contrôlent la quasi- totalité de la capitalisation boursière mondiale. Souvent d'âge mûr, de formation supérieure, avec un niveau de revenus relativement élevé, ils confient la moitié de leurs avoirs financiers à quelques dizaines de milliers de gestionnaires pour compte de tiers dont le seul but est d'enrichir leurs mandants. Les techniques pour y parvenir s'appuient sur les règles du "gouvernement d'entreprise" et conduisent à des exigences de rentabilité excessives. Elles transforment les chefs d'entreprise en serviteurs zélés, voire en esclaves dorés des actionnaires, et polluent de pure cupidité la légitime volonté d'entreprendre. Ainsi le capitalisme n'est pas seulement le modèle unique d'organisation de la vie économique mondiale: il est devenu "total" au sens où il règne sans partage ni contre-pouvoir sur le monde et ses richesses."
Jean Peyrelevade, "Le capitalisme total" - Seuil 2005.

PS : La photographie qui accompagne ce post est un portrait des brillants investisseurs Lehman Brothers, émigrés Allemands qui développèrent une activité de placements et de conseil aux Etats-Unis d'abord au XIXe siècle en spéculant sur le coton. C'est-à-dire sur le travail des esclaves noirs dans les champs de cette culture qui était source d'importants revenus à l'époque.

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