jeudi, janvier 26, 2006

This is religion (I)


Je crois qu'il est temps de parler et laisser parler un peu de « religion » sur ce blog. Pas de « foi », mais de cette fichue religion, ou des ces religions, issues du monothéisme et qui entraînent à leur suite une foule hagarde qui ne demande qu'à croire à d'improbables balivernes dont la « valeur » serait attestée par l'existence de livres archaïques qui interdisent comme par je ne sais quel sortilège la lecture des oeuvres des philosophes de l'Antiquité. Et je ne parle même pas de Nietszche et Spinoza, passés par pertes et profits de l'Eglise.
J'ai invité Gore Vidal à ouvrir le feu. La citation qui suit est tirée d'une inerview donnée au quotidien Libération (pour une fois inspiré). On demandait à l'écrivain américain :
« Que pensez-vous de la religion, aujourd'hui, outre-Atlantique ? »
« C'est l'œuvre du diable. Il n'y a peut-être pas de bon Dieu, mais il y a sûrement un diable et sa passion dominante, c'est la religion des fondamentalistes protestants. Je crois que mon pays commence, à de nombreux égards, à ressembler à une théocratie. Par le biais de la télévision, les évangélistes lèvent des fonds considérables qu'ils investissent ensuite pour faire élire des obscurantistes attardés. Comme il n'y a pas de système d'éducation publique, la grande majorité de mes concitoyens est d'une ignorance à faire peur. Ils ne savent pas où est l'Irak. Ils prennent tout ce que le gouvernement leur dit pour parole d'Evangile. Bon sang, n'importe quel pays normal se serait révolté contre cette guerre ! Mais nous sommes un pays anormal, gouverné par des experts en publicité mensongère. »

mercredi, janvier 25, 2006

All along the freeways... *


"Il ne s’agit pas de faire la sociologie ou la psychologie de l’automobile. Il s’agit de rouler pour en savoir plus long sur la société que toutes les disciplines réunies.
Cette manière de bondir des automobiles américaines, de décoller en souplesse, due à la conduite automatique et à la direction assistée. S’arracher sans effort, dévorer l’espace sans bruit, glisser sans secousse (le profil des routes et des autoroutes est remarquable, égal à la fluidité des mécaniques), freiner en douceur quoiqu’intantanément, progresser comme sur un coussin d’air, n’avoir plus l’obsession de ce qui vient devant, ou de ce qui vous dépasse (ici il y a une convention tacite du roulement collectif, en Europe il n’y a que le code de la route) – tout ça créé une expérience nouvelle de l’espace, et de tout le système social du même coup. L’intelligence de la société américaine réside tout entière dans une antrophologie des moeurs automobiles – bien plus instructives que les idées politiques. Faites dix mille miles à travers l’Amérique, et vous en saurez plus long sur ce pays que tous les instituts de sociologie ou de science politique réunis." Jean Baudrillard, Amérique.

* The Doors.