Fénelon écrit à son roi

Au cours du règne de Louis XIV, qui fut le grand inventeur de la "politique comme spectacle permanent", avec sa cour à sa traîne, ses maîtresses multiples, son souci de concentrer les pouvoirs, François de Pons de Salignac de la Mothe-Fénelon, son petit-fils, alors précepteur du Dauphin, le duc de Bourgogne, lui écrit une lettre en 1693 dont le contenu fait résonnance avec la situation de quasi-monarchie que nous connaissons en France actuellement. Cette France de la fin du XVIIe siècle souffre et les finances sont épuisées par la guerre et les fastes de cour. Fénelon, homme d'église et écrivain qui a écrit sur l'éducation des jeunes filles (on est assez loin cependant du manuel de Pierre Louys) ne retient plus sa plume et adresse au roi un long texte dont sont extraites les lignes qui suivent : "(...) Cette gloire qui endurcit votre coeur vous est plus chère que la justice, que votre propre repos, que la conservation de vos peuples, qui périssent tous les jours des maladies causées par les famines. Voilà, Sire, l'état où vous êtes. Vous vivez comme ayant un bandeau sur les yeux."
Alors nos politiciens autistes et de fait ébahis découvrent que la critique de la politique traverse les âges de façon fort pertinente. Ne nous leurrons pas, nous sommes bel et bien toujours en monarchie, et la marchandise fétiche n'est que le nuage du magicien destiné à endormir nos sens. Vous dormez, le saviez-vous ?

