Les (vieux) masques tombent
Force est de constater que dans le vieux monde de la politique française le système binaire de la pensée, qui semble-t-il s'est internationalisé et à connu son point orbital sous la philosophie guerrière de George Bush ("Ceux qui ne sont pas avec moi sont contre moi"), a de beaux jours devant lui avec des ténors de la mauvaise foi comme Michel Rocard, dont les frasques de la pensée s'étalent dans le Nouvel Observateur, journal de la gauche "rangée" aux ordres du capitalisme compris comme fatalité de l'histoire.
"Il faut régler le débat centenaire (sic) entre pseudo-marxistes et vrais réformistes" assène gaillardement notre vétéran de la scène politique, sans se douter que dans cette proposition poussiéreuse il faut déjà relever un point sémantique douteux qui laisserait supposer qu'il regretterait de n'avoir pas eu affaire à de "vrais marxistes" au sein d'un PS au bord de l'implosion. Je vais vous consterner, mais ce n'est pas ce qui est révélé tout au long de l'entretien qu'il m'a été donné de lire, et qu'au contraire les "vieux marxistes" sont bien ceux qui ont osé appeler à voter pour le "non" au référendum sur le traité constitutionnel européen, tandis que les "vrais progressistes" sont bien les caciques du PS bon tein comme lui qui au passage brocardent les associations comme Attac qui ont osé pousser le peuple de France à essayer de comprendre ce que l'on essayait de leur vendre sous couvert d'un progrès sans limite, comme autrefois des réfrigérateurs à une France peu vigilante car sortant des années de privation dues à la guerre.
Au moins c'est clair ! Si vous avez voté "non", et que l'on vous demande ce que vous êtes politiquement, vous pouvez désormais avec assurance répondre "marxiste" dans les dîners en ville, ce qui est du meilleur effet je vous le jure. D'autant que papy cause de sa retraite verte de l'Aveyron, en chemisette lila, et j'imagine la piscine pas loin. Evidemment vous ne pouvez pas comprendre...
Moi ce que j'ai bien compris c'est que ces gens-là, Aubry, Strauss-Kahn, Lang et consorts, sont la nouvelle droite française collaborationniste qui se rallie "pour les intérêts du pays", refrain qui fleure bon la mise en parenthèse des valeurs de la République sous le gouvernement de Vichy en 1940, au dogmatisme libéral car on ne peu plus reculer. Car penser n'est-il pas dire "non" comme le préconisait Alain (c'est un philosophe) ? Penser contre le discours dominant n'est-il pas l'acte le plus probant que puisse accomplir un individu qui se considère comme tel et non pas comme un échantillon statistique ?
Alors Marx me direz-vous ? N'étant pas spécialiste je ne pourrait que vous conseiller de vous pencher sur les sites consacrés à la production de l'homme *, mais force est de dire, haut et fort, qu'au jour d'aujourd'hui, si une pensée, et une seule, a toute sa place pour entamer une réflexion critique sur le règne despotique de la marchandise érigée en culte suprême dans nos sociétés dégénérées, c'est Karl Marx, le philospophe qui a pensé aussi l'accumulation du capital et sa non redistribution comme élément constitutif du mal capitaliste. Ceci n'est pas une critique de l'économie de marché car celle-ci est consubstancielle à l'homme. Il y a eu des échanges dès l'aube de l'humanité, mais l'étude des modalités de leur mise en place et de leur systèmes permet aussi de révéler que ceux-ci, et c'est encore vrai dans les sociétés dites "sous-développées", s'exécutaient sur des valeurs autres à fort pouvoir symbolique. Et ne parlons pas de la valeur d'usage des choses qui s'est évanouie au profit d'une simple valeur d'échange, que la valeur travail elle-même est bafouée sur l'autel de la rentabilité et des exigences du tout marketing.
C'est parce que le "non" était protéiforme et que la gauche officielle refuse de l'accepter qu'elle va imploser en vol comme un Mac-Donnel Douglas mal révisé, et de grâce, ne vous appitoyez pas sur les pleurnicheries qui vont surgir ça et là à ce moment historique où la France sera débarrassée d'une "fausse gauche", pour entrer dans un âge de maturité ou la parole des citoyens sera de moins en moins encadrée par des professionnels de la pensée consensuelle.
* Voir particulièrement le site plein de ressources de Jean Zin.


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