samedi, août 20, 2005

Ne les lâchez pas d'une semelle !


Dans la théorie du renoncement érigé en philosophie de l'existence il semblerait bien que la classe politique française tout entière ai fait sienne ce principe qui défie toute éthique minimale alors qu'elle se doit de servir le peuple par le biais des mandats pour lesquels ces femmes et ces hommes ont été placés dans différentes assemblées pour nous représenter.
Selon les principes d'une approche dialectique hégélienne on peut se rendre compte que la mise en jachère de ces exigences de représentation procède du rapport des maîtres, dominants de classe, qui auraient intériorisé à un point tel leur position dans la hiérarchie sociale, qu'ils ne peuvent plus envisager de la voir remise en cause par le corpus indéfini des citoyens. Les votants du "oui" à la Constitution européenne ne se sont même pas rendus compte qu'ils étaient passés sous la coupe du discours dominant des ces maîtres, et trahissaient du coup eux aussi le peuple délaissé dans les affres de l'esclavage.
Nous sommes sous le coup des agressions répétées d'une caste d'élus singulièrement sûrs d'eux-mêmes qui assènent et professent d'en haut, d'une hauteur dont vous n'êtes même pas invités à faire partie puisque le principe de séparation sur lequel s'est établi leur pouvoir, par les diplômes accumulés, les hautes fonctions administratives occupées, leur permet cette impunité du discours.
Mais cette caste de couards assermentés, agripés à leurs mandats comme des coquillages à leur rocher, ne semble plus prétendre à rien de concret en terme propositionnel. Au contraire ils nous offrent le spectacle affligeant d'un renoncement permanent à proposer un modèle de société pérenne affranchi de la dictature de l'économie marchande, qui pourtant entraîne la ruine du monde et souille les bases anthropologiques des échanges symboliques humains fondamentaux. Leur dernier éclat ? Faire semblant de s'étonner, voire de s'affairer, sur la fragilité d'une économie liée à la consommation des hydrocarbures comme source d'énergie principale. Pourtant ce sont bien eux qui, au pouvoir, à droite comme à gauche, ont privilégié ce mode de consommation au mépris de la santé publique et de la raison économique même.
Constatez à quel point ils ont peur. Peur de bouger dans le sens d'une pensée individuelle, harnachés dans huis-clos calfeutré des secrétariats nationaux des grandes formations politiques dont plus rien ne sort depuis des lustres, terrorisés à l'idée de resservir quelques textes critiques issus d'une pensée libérée (Marx, Lefebvre, Morin, Lefort, Mascolo).
Le capitalisme se heurte depuis des années à l'incapacité même de résoudre son plus parfait paradoxe entre la réduction incessante du nombre de salariés à temps plein pour des raisons de maintien de la productivité, c'est-à-dire de la compétitivité sur un marché de la libre concurrence, et la sauvegarde d'un volant lambda minimum de travailleurs salariés susceptibles de dépenser un salaire minima dans des actes de consommation toujours plus aliénants.
La France semble s'être fourvoyée dans le ventre mou de la pensée économique et politque, au point que nous sommes débordés par une pensée critique du libéralisme produite aussi bien outre-atlantique (de Chomsky à Ryfkin), qu'outre-Rhin (de Sloterdijk à Bauman).
C'est pourquoi il faut non seullement rester vigilants sur le rendu des mandats de vos élus, mais ne pas les lâcher d'une semelle pour bien leur faire comprendre qu'ils doivent s'adapter à vos exigences, et non pas tenter de vous endormir par l'exact inverse.